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Rencontres scolaires Prix Hibou Farceur




3 écoles, 6 classes, du CE1 au CM2.


« Secrets d’abeilles » étant des 6 ouvrages sélectionnés pour le Prix Hibou Farceur 2020, j’intervenais cette semaine dans des écoles du XIXe arrondissement de Paris. Une première expérience en milieu scolaire, riche, miraculeuse parfois ; et parfois éprouvante à constater sur place les conditions dans lesquelles les enseignantes doivent aujourd’hui œuvrer… Quelle force, quel courage ! Merci à Pascale, Anne-Sophie, Lucile, Louise, Alice, Elisa, Stéphanie et à leurs élèves. Mon admiration est sans borne. Je suis encore chamboulé par les yeux des gamins, par leurs voix, la beauté de leurs prénoms, et de leur joie, au moment de découvrir les rayons de cire que je leur avais apportés ; au moment d’en respirer les parfums ou dans l’instant de goûter aux pelotes de pollen !


Du livre, ils ont tant aimé « la rose vraie » ou « le pays sans fleur » (que je leur ai raconté dans sa nouvelle version, avec 1 petite fille au lieu d'1 petit garçon… Elle parle tellement mieux ainsi) J’en profite pour saluer encore le travail des équipes de Lucette Savier chez Albin Michel Jeunesse. Et le succès des illustrations de Fanny Ducassé qui a rencontré elle aussi des classes de son côté !

Pendant ces journées, les échanges se sont improvisés et, répondant aux élèves, chaque classe était une préparation pour rencontrer la suivante. Des questions qui m’ont amené à formuler le conte de façon nouvelle, m’étonnant de le redécouvrir parfois ! De classe en classe, tenter partout de dire l’importance de se raconter des histoires et de fertiliser notre imagination : « On se racontait autrefois des histoires quand la nuit tombe, autour d’un feu. Car tandis que l’obscurité recouvre peu à peu le monde, et que grognent les bêtes sauvages derrière les arbres et les buissons, c’est l’heure où les esprits se manifestent. « On se prépare au rêve » a dit un enfant. Oui, car, par le songe et l’imagination, nos mondes intérieurs se réveillent... C'est alors que les histoires nous protègent.»




Dans chaque classe, le dire et le redire : « Quand on raconte une belle histoire, celui qui a peur n’a plus peur. Celui qui est triste n’est plus triste. Celui qui est malade oublie sa maladie… Les contes gardent la nuit loin de nous. » Et l’étonnement quand je leur ai dit que je crois aux fées ! « Et aux licornes ? – Mais bien sûr que ça existe les licornes ! Il me suffit de penser à elles et je me sens bien. C’est donc qu’elles sont réelles si elles ont un effet sur moi. – Et Harry Potter ? – Mais évidemment ! Puisqu’il me suffit d’imaginer Hermione, son courage, l’envie de lui ressembler, et voilà que je fais un pas en avant quand j’aurais envie de reculer… » Alors peu à peu, découvrir que la moitié des élèves avait un ami imaginaire et de les inviter à s’asseoir parmi nous. « Et Peter Pan ? – Surtout Peter Pan ! » Au moment de partir, en quittant une classe, je n'ai pu m'empêcher de lancer « - Et n’oubliez pas ! Les fées… » Et tous de conclure : – Ça existe ! » Il nous faut réenchanter le monde, voilà que de belles graines sont semées.






Je garderai en mémoire cette petite fille aux yeux d'amandes, qui terminait toutes mes phrases et devinait à l'avance toutes les situations quand je leur ai raconté le conte de Rakian, jusqu’à s’étonner elle-même : « Mais pourquoi je connais cette histoire alors que je ne la connais pas ! » Et cette classe où chacun avait écrit, inventé une histoire, aux élèves qui ont eu le courage de venir la lire devant les autres, à ceux qui en ont improvisé une. Comme le petit Karim, 7 ans peut-être, l’enfant le plus dynamique, celui qui « ne tient pas en place » dirait-on, celui qui, justement, passe de famille d’accueil en accueil de familles… Celui qui sollicite, encourage, interroge sans cesse ses camarades, et qui se lance à imaginer en venant s’asseoir à ma place que je lui laisse volontairement : « il était une fois un petit garçon, toute sa famille était morte… » Mais bientôt arrivent les pouvoirs magiques, la fin

sera fragile, mais confiante ! Soulagement. Applaudissements.

Elles sont si belles nos classes métissées. Elle est si belle l’enfance d’aujourd’hui avec toutes ses couleurs. Nous sommes si peu à sa hauteur. Merci aux contes venus de Chine, d’Afrique et d’ailleurs, car alors leurs yeux s’allument si beaux quand nous les racontons. Les puissants de ce monde - qu'ils aient une loi ou un micro au bout du poing - auraient tant à apprendre de l’harmonie et du respect qui règnent chez les enfants de nos écoles. Mesdames et messieurs qui enseignez, je l’ai vu, je le sais : vos sacrifices ne sont pas vains. Car si les programmes ne rentrent pas, même fragile parfois, chez tous, du moins ceux que j’ai rencontré, l’humanité est déjà sauvée.

Pour finir, les rencontres dans les classes se sont terminées par des séances de dédicaces et d’autographes, sur un cahier, une feuille volante ou un minuscule carré de papier... Alors un petit garçon m’a demandé « Tu peux me dessiner une abeille ? » Un frisson m’a traversé de la tête aux pieds. J’ai dû lever un regard brillant vers son visage parce qu’alors, par-dessus mon épaule droite, à côté de nous, dans l’invisible de l’air, j’ai senti le Petit-Prince qui se penchait sur mon dessin… Il souriait.



Merci au Groupe de Recherches Polypoétiques, créateur du prix. Quel cadeau. Merci à Moka. Merci à Milena Donato pour les photos. Merci à la Librairie Le Merle moqueur pour son accueil la journée de samedi.

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